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Zaouli, numéro Spécial, Décembre 2024 [MONOGRAPHIE]
Zaouli, numéro Spécial, décembre 2024 [SOMMAIRE]
SOMMAIRE
UNITE, SOUVERAINETE ET COOPERATION
Abou DAPPAH
LA DIPLOMATIE AFRICAINE D’HIER A AUJOURD’HUI : L’UNITÉ D’ACTION MISE A MAL PAR LES DIVERGENCES DE VISION POLITIQUE
En 2002, à Durban, le processus du passage de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à l’Union Africaine (UA) s’achevait. De façon consensuelle, les chefs d’État et de gouvernements africains ambitionnaient de donner un coup d’accélérateur à la solidarité et à l’unité de l’Afrique. Le faisant, ils comptent mobiliser le potentiel du continent africain pour son développement. Ainsi, l’Agenda 2063 de l’Union Africaine exprime clairement les aspirations de l’Afrique d’ici la célébration du centenaire de l’Institution. Au nombre de celles-ci, il apparait que les relations entre les États eux-mêmes et avec le reste du monde restent une des plus grandes préoccupations. Selon l’aspiration 7 de cet Agenda, l’Union Africaine souhaite une « Afrique qui agit en tant qu’acteur et partenaire fort, uni et influent sur la scène mondiale ». Ce passage montre clairement que le continent ambitionne une unité dans la démarche diplomatique. Cependant, cette unité voulue depuis la création de l’OUA n’est que théorique et loin d’être un acquis même une vingtaine d’années après le passage à l’UA. Et la dynamique diplomatique actuelle en Afrique de l’ouest montre bien la persistance de ces divergences.
Comment les divergences, malgré la volonté traduite dans les organisations, rendent quasiment impossible l’unicité de la démarche diplomatique de l’Afrique depuis les années d’accession à l’indépendance ?
La présente contribution analyse les contraintes liées à l’impossible politique étrangère commune en Afrique en dépit de la volonté exprimée des dirigeants de l’OUA à l’UA. Pour ce faire, elle est construite à partir d’une documentation composée essentiellement des données collectées dans les ouvrages et les articles scientifiques. Notre analyse se fait en deux axes. Le premier évoque les signes qui rendent quasiment impossible l’unicité d’action diplomatique de l’Afrique avant et après la naissance de l’OUA et le second fait cas de la persistance des divergences en dépit du passage de l’OUA à l’UA.
In 2002, in Durban, the process of transitioning from the Organization of African Unity (OAU) to the African Union (AU) was completed. By consensus, African heads of state and government aimed to accelerate Africa’s solidarity and unity. In doing so, they sought to mobilize the continent’s potential for its development. Thus, the African Union’s Agenda 2063 clearly expresses Africa’s aspirations by the centennial celebration of the institution. Among these, it is evident that relations between the states themselves and with the rest of the world remain one of the greatest concerns. According to Aspiration 7 of this Agenda, the African Union envisions an « Africa that acts as a strong, united, and influential actor and partner on the global stage. » This passage clearly shows that the continent aims for unity in its diplomatic approach. However, this unity, desired since the creation of the OAU, is only theoretical and far from being achieved, even two decades after the transition to the AU. The current diplomatic dynamics in West Africa clearly demonstrate the persistence of these divergences.
How have these divergences, despite the will expressed through organizations, made the unity of Africa’s diplomatic approach nearly impossible since the years of independence?
This contribution analyzes the constraints related to the impossibility of a common foreign policy in Africa, despite the expressed will of the OAU and AU leaders. To do so, it is based on a body of documentation primarily consisting of data collected from books and scientific articles. Our analysis is divided into two main axes. The first discusses the signs that make the unity of Africa’s diplomatic actions nearly impossible, both before and after the birth of the OAU, while the second addresses the persistence of divergences despite the transition from the OAU to the AU.
Afrique – Union Africaine – OUA – Diplomatie africaine – Relations internationales
Africa – African Union – OAU – African Diplomacy – International Relation
Adama DAO
DE L’UNION AFRICAINE A L’UNITE PANAFRICAINE
Les crises multiformes qui pullulent sur le continent pose avec acuité la question de l’intérêt de l’Union africaine (UA), qui est censée les prévenir et éventuellement les résoudre. Si dans ses textes, l’existence de cette union est fort louable, dans la réalité, les nombreux défis qu’elle n’arrive pas à relever font d’elle une organisation controversée. En effet, fondée sur les insuffisances de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’UA se présente comme le pendant de l’Union européenne (UE). Toutefois, l’irréductible différence entre ces deux organisations est que les États de la première ont une souveraineté limitée, tandis que ceux de la seconde ne subissent aucune influence ou ingérence extérieure. Ainsi, en vue de s’assurer un fonctionnement similaire à celui de l’UE, l’UA devrait céder ses prérogatives et ses bonnes intentions à l’Unité panafricaine (UP). Ainsi, ce travail en s’appuyant sur les méthodes comparative et critique, entend montrer qu’en lieu, place et raison de l’UA, il faut une organisation africaine capable de restaurer aux États africains leur souveraineté. Au sens formellement géographique de cette organisation africaine, devrait se substituer, structurellement, un sens idéologique, militant pour la libération et l’indépendance effectives des pays africains. Car sans des États souverains, toute organisation africaine est inéluctablement vouée à l’échec.
The multifaceted crises that abound on the continent acutely raise the question of the interest of the African Union (AU), which is supposed to prevent and possibly resolve them. If in its texts, the existence of this union is very laudable, in reality, the many challenges that it fails to meet make it a controversial organization. Indeed, based on the inadequacies of the Organization of African Unity (OAU), the AU presents itself as the counterpart of the European Union (EU). However, the irreducible difference between these two organizations is that the States of the first have limited sovereignty, while those of the second are not subject to any external influence or interference. Thus, in order to ensure functioning similar to that of the EU, the AU should cede its prerogatives and its good intentions to the Pan-African Unity (UP). Thus, this work, based on comparative and critical methods, intends to show that instead of and for the reason of the AU, we need an African organization capable of restoring sovereignty to African States. The formally geographical sense of this African organization should be replaced, structurally, by an ideological sense, campaigning for the effective liberation and independence of African countries. Because without sovereign states, any African organization is inevitably doomed to failure.
Organisation de l’unité africaine – Souveraineté – Union africaine – Union européenne – Unité panafricaine
Organization of African Unity – Sovereignty – African Union – European Union – Pan-African Unity
Akpa Akpro Franck Michaël GNAGNE
L’AFRIQUE VA S’UNIR : UNE RELECTURE DE NKRUMAH POUR L’AFRIQUE DE DEMAIN
Dès les indépendances, Kwame Nkrumah a posé l’unité comme condition essentielle à la survie et à la puissance de l’Afrique. Plus de 60 ans après, cette idée reste d’actualité. Cependant, face à des défis contemporains tels que la montée des BRICS, les aspirations de la jeunesse africaine, l’apparition de nouvelles alliances comme l’Alliance Politique Africaine (APA) et l’inefficacité des organisations régionales comme l’Union Africaine (UA), comment envisager l’unité du continent ?
Cet article explore l’héritage de Nkrumah et la pensée de d’autres penseurs panafricanistes comme Cheikh Anta Diop et Frantz Fanon, en mettant en lumière les dynamiques contemporaines, et les enjeux stratégiques de l’intégration africaine. À travers une démarche critique, il analyse des initiatives comme la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), tout en interrogeant le rôle de la jeunesse, des institutions régionales et des évolutions technologiques dans ce projet.
L’étude soutient que, malgré les obstacles, les transformations sociétales, le niveau d’éducation croissant et l’éveil des consciences offrent des leviers prometteurs pour l’unité africaine. En réactualisant les idées de Nkrumah, elle contribue à la philosophie et aux études africaines en proposant une vision optimiste et réaliste d’une Afrique unie et souveraine, capable de se repositionner dans le concert des nations.
Since the advent of independence, Kwame Nkrumah has established unity as a critical condition for Africa’s survival and strength. More than 60 years later, this idea remains relevant. However, in the face of contemporary challenges such as the rise of the BRICS, the aspirations of African youth, the emergence of new alliances like the African Political Alliance (APA), and the inefficiency of regional organizations such as the African Union (AU), how can the continent’s unity be envisioned?
This article explores Nkrumah’s legacy and the thoughts of other Pan-Africanist thinkers such as Cheikh Anta Diop and Frantz Fanon, highlighting contemporary dynamics and the strategic issues of African integration. Through a critical approach, it examines initiatives like the African Continental Free Trade Area (AfCFTA) while questioning the role of youth, regional institutions, and technological advancements in this project.
The study argues that, despite obstacles, societal transformations, rising education levels, and growing consciousness provide promising pathways toward African unity. By revisiting Nkrumah’s ideas, it contributes to African philosophy and Pan-African studies, offering an optimistic yet realistic vision of a united, sovereign Africa capable of repositioning itself in the global arena.
Afrique, BRICS, Éveil de conscience, OUA, UA, Unité, ZLECAF.
Africa, BRICS, Consciousness Awakening, OAU, AU, Unity, AfCFTA
Brou Dieudonné KOFFI
AFRICAINS, L’EXHORTATION MACHIAVELIENNE À LIBÉRER LES ITALIENS DES BARBARES NOUS INTERPELLE !
Dans le dernier chapitre du Prince, Machiavel exhorte les Italiens à libérer leur pays des barbares. Ces derniers sont des politiques et mercenaires militaires étrangers. Pour Machiavel, ils ont une part de responsabilité importante dans les malheurs de l’Italie, divisée, instable et à la merci des puissances étrangères. Ce texte établit la similitude entre l’Italie machiavélienne et l’actualité africaine pour justifier l’écho de l’exhortation du Florentin chez les Africains. Il soulève une question essentielle : Au regard des préceptes machiavéliens, comment l’Afrique peut-elle chasser ses « barbares » ? Qui sont ces « barbares » ? Les Africains ont-ils des raisons suffisantes et surtout des moyens de les chasser ? Les moyens proposés par Machiavel suffisent-ils dans le contexte actuel ? Que peut-on espérer de chaque composante essentielle dans les différents pays africains (les politiques, la société civile, les jeunes, les femmes) ? Pour répondre à ces questions, les textes politiques de Machiavel, en plus du Prince, sont nécessaires. L’analyse de l’actualité politique du continent est aussi nécessaire. La théorie de la guerre juste sera convoquée pour jauger la nécessité de la guerre aux étrangers. En toute évidence, ce texte est une contribution à l’actualisation de Machiavel et du Prince.
In the final chapter of The Prince, Machiavelli urges the Italians to free their country from barbarians. These barbarians are foreign politicians and military mercenaries. For Machiavelli, they have a significant share of responsibility for the misfortunes of Italy, divided, unstable and at the mercy of foreign powers. This text establishes the similarity between Machiavellian Italy and current African events to justify the echo of the Florentine’s exhortation among Africans. It raises an essential question: Given Machiavellian precepts, how can Africa drive out its “barbarians”? Who are these “barbarians”? Do Africans have sufficient reasons and above all means to drive them out? Are the means proposed by Machiavelli sufficient in the current context?
In the age of technology and in the face of globalization and interdependence, how can Africa free itself without declaring armed war on foreigners? What can we expect from each essential component in the different African countries (politicians, civil society, young people, women)? To answer these questions, Machiavelli’s political texts, in addition to The Prince, are necessary. Analysis of current political events on the continent is also necessary. The theory of just war will be invoked to gauge the necessity of war against foreigners. In any case, this text is a contribution to the updating of Machiavelli and the Prince.
armée, étrangers, libération, mercenaires, unité
army, foreigners, liberation, mercenaries, unity
Guy Roland AMOIKON
NOUVELLE APPROCHE DU DEVELOPPEMENT : PLANIFIER LA SOUVERAINETÉ DES ÉTATS AFRICAINS A L’ÈRE DE LA MULTI-POLARISATION DU MONDE
La crise sanitaire mondiale de la covid19 et le conflit russo-ukrainien ont montré les limites et la menace de la dépendance (sanitaire, économique, militaire, etc.). Ces moments de crise sont -ont été- d’ailleurs exploités soit par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) soit par les BRICS+ (particulièrement la Russie et la Chine) pour influencer et renforcer leur positionnement dans l’ordre mondial. Les pays d’Afrique, excepté quelques-uns, se sont retrouvés à décider selon la pression des puissances extérieure (BRICS+, OTAN, institutions de Bretton Woods, etc.). Cette dynamique dans les relations internationales révèle, au grand jour, la problématique de la souveraineté des États d’Afrique. À la lumière de telles réalités, ne sommes-nous pas en droit de nous poser les questions suivantes : la souveraineté est-elle de faite pour un État ou alors est-elle une donne à construire ? N’est-ce pas que les nouvelles crises géopolitiques exigent des pays africains de redéfinir le concept de souveraineté ? Qu’est-ce qu’un État souverain ? Les pays d’Afrique sont-ils souverains ? Si non, que doit-on faire pour le devenir ? L’objet de notre analyse se veut être une incursion dans les champs scientifiques, politiques et géopolitiques de l’Afrique avec pour objectif l’atteinte des objectifs du développement dans les pays en question. Il s’agira de proposer une stratégie de construction de la souveraineté des États d’Afrique axée sur une vision du monde clairement définie ayant pour substance la recherche scientifique.
The global health crisis caused by COVID-19 and the Russo-Ukrainian conflict have revealed the limits and threats of dependence (in health, economics, military, etc.). These crisis moments have been exploited either by the North Atlantic Treaty Organization (NATO) or by the BRICS+ (particularly Russia and China) to influence and strengthen their positions in the world order. African countries, with a few exceptions, have found themselves making decisions under the pressure of external powers (BRICS+, NATO, Bretton Woods institutions, etc.). This dynamic in international relations openly reveals the issue of the sovereignty of African states. In light of such realities, aren’t we entitled to ask the following questions: is sovereignty a given for a state, or is it something that must be built? Don’t the new geopolitical crises require African countries to redefine the concept of sovereignty? What is a sovereign state? Are African countries sovereign? If not, what should be done to achieve sovereignty? The objective of our analysis is to explore the scientific, political, and geopolitical fields of Africa with the goal of achieving development objectives in the countries in question. It will propose a strategy for building the sovereignty of African states, based on a clearly defined worldview, with scientific research as its foundation.
Afrique, développement, géopolitique, recherche scientifique, souveraineté.
Africa, Development, Geopolitics, Scientific research, Sovereignty
Jean Pierre MEKINDE et NDjé Serge MBONDO
LE CONFLIT RUSSO-UKRAINIEN: UNE PASSERELLE POUR L’AFFRANCHISSEMENT DE L’AFRIQUE DES LEGS COLONIAUX
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine, déclenché le 24 février 2022, rappelle clairement l’ère de la guerre froide. En effet, la volonté manifeste de l’Ukraine d’adhérer à l’Union Européenne (UE) et par conséquent à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), est l’étincelle qui va amener la Russie à lancer l’offensive. Les effets de cette guerre sont particulièrement visibles en Afrique. Les multiples importations de celle-ci sont tributaires de ces deux pays. L’objectif de cette réflexion est donc de ressortir les opportunités qu’offre cette guerre, afin de sortir définitivement l’Afrique de la dépendance extérieure. La méthode utilisée dans le cadre de ce travail est analytique et la théorie convoquée est celle de la dépendance qui soutient que la pauvreté et le sous-développement des pays du Sud, sont inhérents aux rapports historiques (colonisation), mis en place par les pays du Nord. Au final, les résultats issus de cette analyse portent sur la transformation structurelle agricole et énergétique de l’Afrique, afin de la sortir de sa dépendance extérieure ; la mise en place des politiques communes et l’exploitation du vaste marché commun africain, pour davantage booster la santé économique du continent, et réduire ainsi les importations extérieures qui engloutissent chaque année des milliards de dollars, nécessaires à la dynamique de développement de l’Afrique.
The conflict between Russia and Ukraine, which began on February 24, 2022, is clearly reminiscent of the Cold War era. Indeed, Ukraine’s clear desire to join the European Union and therefore the North Atlantic Treaty Organization, is the spark that will lead Russia to launch the offensive. The effects of this war are particularly visible in Africa. Its multiple imports are dependent on these two countries. The objective of this reflection is therefore to highlight the opportunities offered by this war, in order to definitively free Africa from external dependence. The method used in this work is analytical and the theory called upon is that of dependence, which maintains that the poverty and underdevelopment of southern countries are inherent in the historical relationships (colonization) established by northern countries. Ultimately, the results of this analysis focus on the agricultural and energy structural transformation of Africa, in order to free it from its external dependence; the establishment of common policies and the exploitation of the vast African common market to further boost the economic health of the continent, and thus reduce external imports which swallow up billions of dollars each year, necessary for the dynamics of Africa’s development.
Dépendance, Développement, Guerre froide, Opportunité, Sécurité.
Dependence, Development, Cold War, Opportunity, Security
N’Da Koffi Jean-Armel KOUASSI
POUR UNE AFRIQUE SELF-RELIANT : DE LA NÉCESSITÉ DE LA RÉALISATION DE L’INTÉGRATION AFRICAINE
Les indépendances acquises, les Africains étaient persuadés qu’il fallait s’intégrer ou encore s’unir pour pouvoir faire face aux défis majeurs, pouvoir exister sur l’échiquier mondial mais et surtout entamer son développement. En vue de réaliser cette espérance, l’OUA a été créée et fut remplacée quelques années plus tard par l’UA. Toutefois, l’intégration africaine reste encore au stade des textes. Pourtant, il urge de la réaliser puisqu’elle est nécessaire pour la véritable autonomie de l’Afrique. Nous mettons, en avant, dans cette étude la nécessité de l’intégration africaine pour la réalisation de l’autonomie réelle de l’Afrique ainsi que les moyens pour y parvenir.
Having achieved independence, Africans were convinced that it was necessary to integrate or even unite to be able to face major challenges, to be able to exist on the world stage but, above all, to begin their development. In order to realize this hope, the OAU was created and was replaced a few years later by the AU. However, African integration still remains at the text stage. However, it is urgent to achieve it since it is necessary for the true autonomy of Africa. We highlight, in this study, the need for African integration for the achievement of real autonomy for Africa as well as the means to achieve this.
Afrique- Autonomie- Compter sur soi- Intégration africaine- Ujamaa.
Africa- Autonomy- Counting on yourself- African integration- Ujamaa
GENRE, POLITIQUE ET SOCIETES EN AFRIQUE
Ahou Anne-Nadège ASSAHON
PARTICIPATION POLITIQUE DES FEMMES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ANALYSE DES PROGRAMMES DE FORMATION EN LEADERSHIP A TRAVERS LES PERSPECTIVES DE SIMONE DE BEAUVOIR ET MARY WOLLSTONECRAFT
La participation politique des femmes en Afrique subsaharienne demeure un défi majeur, malgré 60 ans d’indépendance. Les initiatives de formation en leadership et renforcement des capacités, développées ces dernières décennies, visent à éliminer les obstacles socioculturels et structurels freinant leur inclusion politique. Une question fondamentale ressort de ce constat : dans quelle mesure ces programmes permettent-ils réellement de surmonter les barrières socioculturelles et structurelles afin de renforcer la participation politique des jeunes femmes en Afrique subsaharienne ? Cette étude de cas philosophique, ancrée dans les idées de Simone de Beauvoir et Mary Wollstonecraft, analyse les témoignages de huit femmes formées à travers ces programmes en Afrique subsaharienne. Les résultats montrent l’impact considérable de ces programmes sur le leadership et le renforcement des capacités des bénéficiaires mais soulignent également des défis persistants, tels que les pesanteurs culturelles et les violences sexistes. Ils mettent également en évidence la nécessité de développer davantage ce type d’initiatives pour favoriser une transformation durable des rôles des femmes dans la sphère politique.
The political participation of women in sub-saharian Africa remains a major challenge, despite 60 years of independence. Leadership training and capacity-building initiatives developed over recent decades aim to address sociocultural and structural barriers hindering their inclusion in politics. A fundamental question arises from this observation: to what extent do these programs effectively overcome sociocultural and structural barriers to strengthen the political participation of young women in sub-Saharan Africa? This philosophical case study, grounded in the ideas of Simone de Beauvoir and Mary Wollstonecraft, analyzes the testimonies of eight women who participated in such programs across sub-Saharan Africa. The results highlight the significant impact of these programs on the leadership and capacity-building of beneficiaries, while also emphasizing persistent challenges such as cultural barriers and gender-based violence. They further underscore the need to expand and enhance such initiatives to achieve a sustainable transformation of women’s roles in the political sphere.
Afrique subsaharienne, leadership, femmes, programmes de formation, participation politique
Sub-Saharan Africa, leadership, women, training programs, political participation
Kouamé Anatole DJÈ
GENRE, DÉMOCRATIE ET BONNE GOUVERNANCE EN AFRIQUE : UNE CONTRIBUTION À LA LUMIÈRE DE LA PENSÉE DE KARL MARX
Plusieurs États africains ont montré, au moyen de dispositions juridiques et programmes de gouvernement, des signes positifs d’une meilleure articulation des concepts de genre, de démocratie et de bonne gouvernance, donnant ainsi lieu à une volonté manifeste de promotion des valeurs et compétences féminines dans la sphère socio-politique. Malgré ces avancées, la gent féminine continue de subir de graves injustices au regard de la place qui lui est accordée dans les instances de prise de décisions, notamment dans les sociétés dites démocratiques où la liberté d’expression pour tous les citoyens est un droit fondamental. Il y a de ce fait, une crise certaine : crise du genre et crise de la démocratie. Mais qu’est-ce qui fondent ces crises et comment les gérer ? Mieux, en quoi la gestion des crises contribue-t-elle à la bonne gouvernance des États africains ? Pour répondre à ces préoccupations, nous nous appuierons particulièrement sur les écrits de Marx en tant que penseur de la femme et de la démocratie. L’objectif de cette analyse est de montrer à partir de la philosophie marxienne, que le respect des droits de la femme et des principes démocratiques contribuera, dans les années à venir, à la bonne gouvernance des États africains. Pour ce faire, les méthodes analytique, socio-historique et critique constitueront le cadre méthodologique de notre réflexion.
Several African states have shown, by the means of legal disposals and goverment policies, some positive signs of a better articulation of Gender, democracy and the good governance, providing thus the opportunity with a manifest willing to the promotion of values and female skills in to socio-political field. Despite these progresses, woman still undergo severe injustice, regarding the position granted to then in the decisions making instances, namely in the societies alleged to be democratic where freedom of expression of all the citizens is a fundamental right. There is in fact, a certain crisis: Gender crisis and democratic one. But what arouses these crises and how to deal with them? Better, in what way does crises management cantribute to the good governance of the African States? To answer these concerns, we will focus particularly on Marx’scorpuses as female and democracy advocator. The gist of this analysis is to show demonstrate through Marxian philosophy that the respect of woman right and democratic principles will contribute, in the coming years, to establish good governance in some African States. Therefore, the analytical, sociohistorical and critical methods will constitute the methodological frame of our reflexion.
Bonne gouvernance-Démocratie-Droits de l’homme-État africain-Genre.
Good Governance-Democracy-Human right-African State-Gender
Zélé Jémima COULIBALY
FEMME ET POLITIQUE EN AFRIQUE : UNE INITIATIVE BASÉE SUR L’ÉGALITÉ DES GENRES
L’inégalité sociale, économique et politique que subissent de nombreuses femmes, particulièrement en Afrique, est un constat indéniable. Cependant, la question de la parité homme-femme dans le domaine politique gagne en priorité, tant pour le gouvernement ivoirien que pour les autres pays africains. Malgré cela, le nombre de femmes dirigeantes reste insuffisant, en contradiction avec les objectifs fixés depuis la conférence de Beijing en 1995. La représentativité des femmes dans les instances de décision est un indicateur clé du développement, et nous nous interrogeons sur les répercussions d’une telle situation sur le développement de l’Afrique en général et de la Côte d’Ivoire en particulier. Notre analyse a pour objectif de démontrer que les discriminations politiques envers les femmes en Afrique sont enracinées dans de multiples facteurs économiques, sociaux et culturels, créant ainsi des frictions. Dans cette perspective, nous adoptons une approche analytique pour mieux comprendre les causes et les enjeux de la participation des femmes en politique en Afrique. Ce travail scientifique vise également à formuler des propositions à travers une méthodologie analytique afin d’atteindre l’égalité des genres tant attendue, qui contribuera au développement global de l’Afrique du futur.
Les résultats de notre étude révèlent qu’il est impératif de mettre en place des politiques et des mesures concrètes visant à éliminer les obstacles systémiques entravant l’ascension des femmes en politique. Seule une véritable égalité de genre permettra de libérer le plein potentiel des femmes africaines dans tous les aspects de la vie politique, conduisant ainsi à la construction d’une Afrique du futur plus inclusive.
The social, economic and political inequality that many women experience, particularly in Africa, is an undeniable observation. However, the issue of gender parity in politics is gaining priority, both for the Ivorian government and for other African countries. Despite this, the number of women leaders remains insufficient, in contradiction with the objectives set since the Beijing conference in 1995. The representation of women in decision-making bodies is a key indicator of development, and we wonder about the repercussions of such a situation on the development of Africa in general and Côte d’Ivoire in particular. Our analysis aims to demonstrate that political discrimination against women in Africa is rooted in multiple economic, social and cultural factors, thus creating friction. From this perspective, we adopt an analytical approach to better understand the causes and challenges of women’s participation in politics in Africa. This scientific work also aims to formulate proposals through an analytical methodology in order to achieve the long-awaited gender equality, which will contribute to the overall development of Africa of the future.
The results of our study reveal that it is imperative to put in place policies and concrete measures aimed at eliminating systemic obstacles hindering the rise of women in politics. Only true gender equality will unlock the full potential of African women in all aspects of political life, thus leading to the construction of a more inclusive Africa of the future.
Afrique du futur- Inégalités de genre- Obstacles systémiques -Participation politique des femmes, – Transformation sociale
Africa of the future – Gender inequalities – Systemic obstacles – Women’s political participation, – Social transformation
Narcisse Bonaventure ASSI-KAUDJHIS & Guéadan Guy Charles DOH
RISQUES CLIMATIQUES POTENTIELS DE LA CULTURE DU MAÏS ET SECURITE ALIMENTAIRE DANS LA REGION DU PORO AU NORD DE LA CÔTE D’IVOIRE
Les récentes perturbations climatiques en Afrique de l’ouest sont plus ressenties dans le nord de la Côte d’Ivoire et principalement dans la région du Poro par une diminution des productions et des rendements agricoles. De plus, il est probable que dans les années à venir, les changements climatiques entraînent une baisse considérable des rendements des principales cultures à l’image du maïs en Afrique sub-saharienne. La culture du maïs en effet, représente une variété agricole très importante pour l’alimentation et l’économie locale dans la région du Poro. Partant, la présente étude est une contribution à l’évaluation des risques climatiques de la culture du maïs et de leur menace pour la sécurité alimentaire dans la région du Poro. La démarche méthodologique est fondée sur l’utilisation d’outils statistiques, pour l’analyse, à l’échelle mensuelle et saisonnière, des physionomies climatiques futures, ainsi que les écarts qui existent entre les conditions climatiques de demain et celles connues d’une part. D’autre part, sur l’identification, dans un contexte de changement climatique, des actions p dans le secteur de la maïsiculture. D’une manière générale, les scénarios climatiques aboutissent à une dégradation des conditions climatiques futures. De plus, les actions prévues par les paysans sont dans l’ensemble de nature à compromettre la sécurité alimentaire du fait des pressions foncières et des modifications des systèmes agricoles.
The recent climatic disturbances in West Africa are felt more in the north of Côte d’Ivoire by a decrease in production and agricultural yields. Moreover, likely, in the coming years, climate change will lead to a considerable drop in the yields of the main crops in sub-Saharan Africa. Thus, this study is a contribution to the assessment of the prospective agroclimatic risks of climate change on maize cultivation, an important agricultural species for food and for the local economy in the region of Poro. The cultivation of corn in fact, represents a very important agricultural variety for food and the local economy in the region of Poro. The methodological approach is based on the use of statistical tools, for the analysis, on a monthly and seasonal scale, of future climate physiognomies, as well as the differences that exist between the climatic conditions of tomorrow and those known on the one hand. On the other hand, on the identification, in a context of climate variability, of the actions planned in the maize sector. In general climate scenarios lead to a deterioration in future climatic conditions. Thus, the actions planned by farmers are overall the extension of emblavures, cultural alternation, cultural mobility and a perennial culture/corn culture association.
Variabilité climatique, perspectives agricoles, rendement, Poro
Climate variability, agricultural prospects, yield, Poro
SECURITE, PAIX ET GOUVERNANCE
N’guessan Fidèle KOUASSI
POLITIQUE ET RELIGION EN AFRIQUE : UNE LIAISON DANGEREUSE
Dans l’enchevêtrement de l’histoire, Politique et Religion ont toujours entretenu des rapports ambigus et conflictuels dans le jeu démocratique. Cette ambiguïté réside dans le fait que la politique qui voulait, en effet, s’émanciper de la tutelle du pouvoir clérical, se retourne vers le religieux. Le leader politique se sent obligé, dans l’acquisition et la préservation du pouvoir politique, de se jouer des pontifes. Les communautés religieuses constituent, dans bien de cas, un clientélisme électoral dont l’importance varie en fonction du nombre de leurs représentants. Le paradoxe c’est que l’univers politique actuel est envahi par la Religion à son tour. Ayant pris goût des avantages qu’ils bénéficient, ces guides spirituels vont envahir la sphère politique. Ils ne cessent de proclamer haut et fort leur préférence pour un homme politique particulier. Cet entremêlement entre politique et religion n’est pas sans conséquence : il est à la base de plusieurs séditions que connaissent les États et met ainsi en mal la paix sociale. En somme, elle met à mal la bonne gouvernance. Pour éviter de mettre en danger les générations présentes et futures, il convient de revoir le rapport que doivent entretenir la politique et la religion dans le jeu démocratique. Pour nous, seul le respect des principes séculiers et laïcs peut garantir la quiétude sociale, gage d’une bonne gouvernance.
In the tangle of history, Politics and Religion have always maintained ambiguous and conflicting relationships in the democratic game. This ambiguity lies in the fact that politics, which wanted to free itself from the tutelage of clerical power, turns towards religion. The political leader feels obliged, in the acquisition and preservation of political power, to play with the pontiffs. Religious communities constitute, in many cases, an electoral clientelism whose importance varies according to the number of their representatives. The paradox is that the current political universe is invaded by Religion in turn. Having acquired a taste for the advantages they benefit from, these spiritual guides will invade the political sphere. They never cease to proclaim loudly their preference for a particular politician. This intermingling of politics and religion is not without consequences: it is at the root of several seditions that States experience and thus undermines social peace. In short, it undermines good governance. To avoid endangering present and future generations, it is necessary to review the relationship that politics and religion must maintain in the democratic game. For us, only respect for secular and lay principles can guarantee social tranquility, a guarantee of good governance.
Démocratie- Bonne gouvernance- Laïcité- Politique- Religion
Démocratie- Good governance- Politics- Religion- Secularism
Prasidis WAINKEM NAIN et Eric GUITA NDJANTOU
POUR UN MODELE D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNALISANT DANS L’ENSEIGNEMENT DES LANGUES AFRICAINES ET LINGUISTIQUE DANS LES UNIVERSITES DU CAMEROUN
La question de l’employabilité des diplômés des universités africaines reste un grand fléau et une question de survie politique pour les dirigeants sur le continent. La situation est encore plus préoccupante quand on lit les recommandations de l’Union africaine à la fin de la session ordinaire de 2015. Ce rapport prévoit qu’à l’horizon 2063 le continent comptera environ 263 millions de diplômés en quête d’emploi. Cette situation pousse donc à repenser le modèle de formation dans les universités en s’appuyant sur ce qu’elle a qualifié de « Compétences Techniques Essentielles » (CTE). Ainsi, pour les besoins de la cause, cet article vise à apporter une solution en proposant des cursus professionnalisants dans l’enseignement des langues africaines, et plus largement du langage humain, afin d’accroître l’efficacité et l’employabilité des diplômés de cette discipline, de cette spécialisation et de ces facultés globalement. Notre étude portera sur les étudiant·e·s du département de langues africaines et linguistique des universités de Yaoundé et de Douala, au Cameroun. Notre étude porte sur un échantillon de 150 étudiant·e·s. L’élaboration de ce programme s’appuiera sur la théorie de la didactique professionnelle de P. Pastré (1991, p. 16) pour les contenus de cours, puis sur la théorie du socioconstructivisme pour les contenus de formation des enseignant.e.s.
The question of the employability of graduates from African universities remains a major scourge and a matter of political survival for leaders on the continent. The situation is even more worrying when you read the recommendations of the African Union at the end of its 2015 Ordinary Session. This report forecasts that by 2063 the continent will have around 263 million graduates looking for work. This situation therefore calls for a rethink of the training model in universities, based on what it has termed “Essential Technical Competencies” (ETCs). So, for the sake of the cause, this article aims to provide a solution by proposing professionalising curricula in the teaching of African languages, and more broadly of human language, in order to increase the effectiveness and employability of graduates of this discipline, this specialization and these faculties globally. Our study will focus on students in the Department of African Languages and Linguistics at the Universities of Yaoundé and Douala, Cameroon. Our study is based on a sample of 150 students. The development of this program will be based on P. Pastré’s, (1991, p. 16) theory of professional didactics for course content, and on the theory of socioconstructivism for teacher training content.
Compétences Techniques Essentielles, Professionalisant, employabilité
Essential Technical Skills, Professionalisation, employability
AFRIQUE DU FUTUR, ENTRE DEFIS ET ESPOIRS
Adjoua Marie Jeanne KONAN
JEUNESSE ET POLITIQUE ÉDUCATIONNELLE ROUSSEAUISTE EN AFRIQUE
La jeunesse, cette période transitoire entre l’enfance et la maturité, est l’étape où s’opère le développement de la personnalité de l’individu. D’où le dynamisme et les ambitions affichées par les jeunes. Selon les statistiques démographiques de l’Organisation Mondiale pour la Population, l’Afrique est le continent qui possède la population la plus jeune. C’est d’ailleurs ce qui explique le fait qu’elle soit porteuse de tous les espoirs. De plus en plus, on observe que les jeunes n’hésitent pas à prendre des initiatives et nombreux sont les États qui leur accordent plus d’attention dans le cadre de programmes sociaux qui se traduisent en termes de gestion et de financement de projets, de politiques d’emploi-jeunes à l’effet de lutter contre le chômage. Si au plan social, les lignes bougent en faveur d’une jeunesse ambitieuse, en revanche, sur le plan politique, l’Afrique demeure malencontreusement le continent où celle-ci est, en termes d’activités, sous représentée, voire absente. La question de la visibilité de la jeunesse dans les instances de décision se pose avec acuité. Qu’est-ce qui peut justifier cette mise à l’écart des jeunes dans ce domaine où les grandes décisions concernant la vie de la nation se prennent ? Que faut-il donc faire pour y remédier ? Ces questions interpellent la conscience collective sur la place de la jeunesse dans nos sociétés en quête de modèles et de repères.
Youth is the transitional period between childhood and maturity. This is the stage where the development of the individual’s personality takes place. Hence the dynamism and ambitions displayed by young people. According to demographic statistics from the World Population Organization, Africa is the continent with the youngest population. And this is what explains the fact that it is the bearer of all hopes. Increasingly, we observe that young people do not hesitate to take initiatives and many States pay more attention to them within the framework of social programs which translate into management and financing of projects, youth employment policies to combat unemployment. If on a social level, the lines are moving in favor of ambitious youth, on the other hand, on a political level, Africa unfortunately remains the continent where they are under-represented, or even absent. The question of the visibility of youth in decision-making bodies arises acutely. What can justify this sidelining of young people in this area where major decisions concerning the life of the nation are made? So what should be done to remedy this? These questions challenge the collective conscience on the place of youth in our societies in search of models and benchmarks.
Afrique du futur ; Éducation ; Jeunesse africaine ; Politique ; Tradition
Africa of the future; Education; African youth; Politic; Tradition
Denis-Ghislain MBESSA
L’IDÉE D’UNE TECHNOCULTURE AFRICAINE
Cette réflexion sur l’idée d’une technoculture africaine part du constat selon lequel la mondialisation, avec son corollaire de la modernité, acculture et déculture progressivement les peuples africains. Le contact des sociétés africaines avec les sociétés étrangères (occidentales, asiatiques et autres), d’une part, les progrès des Nouvelles Technologies de l’Information de la Communication, les idéologies de la science telles que le transhumanisme, d’autre part, nous plongent progressivement à la perte considérable de certaines valeurs et de certains aspects de nos cultures et traditions. En nous inscrivant en faux contre « l’iconoclasme révolutionnaire » de Marcien Towa et contre « la révolution par la conversion » d’Elungu Pene Elungu, nous proposons l’idée d’une technoculture africaine qui tient au fait que la culture technologique et les traditions africaines peuvent entretenir des rapports positifs et que les nouvelles technologies méritent d’être instrumentalisées pour la promotion et la valorisation des cultures africaines qui sont menacées de disparition à l’ère de la mondialisation ethnocidaire.
This paper on the Idea of African Technoculture is grounded on the observation that globalisation, with its corollary of modertiny, appears as a process of Africa’s acculturation and deculturation. The contact of African peoples with foreign peoples (Western, Asian and others), on the one hand, the progress of New Technologies of Information and Communication, scientific ideologies such as Transhumanism, on the other hand, lead Africa to the loss of some of her values, cultures and traditions. While rejecting Towa’s “revolutionary iconoclasm” and Elungu Pene Elungu’s “revolution through conversion”, we suggest the Idea of African Technoculture which relies on the fact that technological culture and african traditions can enter into positive relationships and that new technologies could be instrumentalised for the promotion and valorisation of African cultures which run the risk of disappearing under the ravaging drive of globalisation.
ethnovulnérabilité, ethnovampirisme, ethnodurabilité, technoculture africaine, conservatisme
Ethnovulnerability, Ethnovampirism, Ethnosustainability, African Technoculture, Conservatism
Désiré GUI
CRITICISME ET PRATIQUES RELIGIEUSES EN AFRIQUE : LE DÉHIMA COMME SIGNAL POUR LA CONSTRUCTION DE L’ÊTRE-AFRICAIN
L’initiative de cette réflexion obéit à deux préoccupations, l’une immédiate, liée au constat du contexte socioculturel et politique en Afrique faisant des religions importées soit un outil de domination et d’exploitation, soit des pratiques incapables de cerner et de répondre objectivement à la profondeur de l’existence africaine et l’autre, d’ordre théorique, s’attachant à montrer, à la lumière des développements récents de l’ethnologie et de l’anthropologie mais surtout du structuralisme nous mettant en présence du règne du symbolique, le Déhima comme pratique religieuse adéquate pouvant répondre efficacement à la surproduction symbolique qui caractérise les humanités africaines. Il s’agit fondamentalement, avec le Déhima, de la construction de l’être-africain. Pour lui, l’homme doit correspondre à sa destinée historiale, hors de cette trajectoire il est évanescent et constitue un problème pour ses semblables. Pareille conception trouve écho dans la quête effrénée de l’avoir qui donne de constater dans l’espace religieux contemporain la mise au pinacle de tendance à l’immédiat, au contingent, au relativisme qui plongent l’Afrique dans les ignominies les plus grotesques. Penser la construction de l’Afrique du futur, espace de manifestation véritable du concept d’humanité exige un processus de réconciliation ; réconcilier l’africain avec son environnement, son être, en un mot son essence historiale. De la sorte, sous l’angle du criticisme, le Déhima se présente comme une anthropologie religieuse cohérente susceptible de jouer un rôle indispensable dans la construction de l’être-africain gage de toute réflexion concernant le futur.
The initiative for this reflection stems from two concerns, one immediate, linked the observation that the socio-cultural and political context in Africa makes imported religions either a tool of domination and exploitation, or practices unable of objectively identifying and responding to the depth of Africain existence, and the other, of a theorical nature, in the light of recent developments in ethnology and anthropology, and above all structuralim, which bring us face with the reign of the symbolic, Dehima is an appropriate religious pratice that can respond effectively to the symbolic overproduction that characterizes African humanities. Dehima is fundamentally about the construction of the new-Africain. For him, man must correspond to his historical destiny ; outside the trajectory, he is evanescent and constitutes a problem for his fellow human beings. Such a conception is echoed in the unbridled quest for possessions, which in the contemporary religious sphere has given rise to a tendency toward immediacy, contingency and relativism, plunging Africa to the most grotesque ignominy. Bulding the Africa of the future, a place where the concept of humanity can truly manifest itself, requires a process of reconciliation ; reconciling the African with his environment, his being, in a word, his historical essence. In this way, from the perspective of criticisme, Dehima presents itself as a coherent religious anthropoloy able of playing an indispenble role in the construction of the African being that is the guarantee of all reflection concerning the futur.
Afrique, Construction, Déhima, Futur, Religion
Africa, Construction, Dehima, Future, Religion
Kizitus N. MPOCHE, Jude T. BERINYUY
LANGUAGE POLICY AND THE INTERNAL STABILITY OF FUTURE AFRICAN STATES
L’instabilité actuelle des pays africains est due à plusieurs facteurs, le principal étant l’effet de la colonisation d’où la question linguistique, laquelle nécessite d’adopter des politiques inclusives afin d’atteindre des normes éducatives avancées et d’éviter les affrontements ayant causé des conflits et des guerres en Afrique. Initié par l’Union Africaine, « l’agenda 2063 » est un schéma et un plan directeur pour la transformation de l’Afrique en une puissance mondiale de demain. Ce cadre stratégique qui vise à atteindre les objectifs de l’Afrique en matière de développement durable et inclusif, requiert l’adoption des politiques linguistiques inclusives au sein des États-membres afin de concrétiser les ambitions panafricaines à savoir : l’unité, l’auto-détermination, la liberté, le progrès et la prospérité collective poursuivies par l’Union Africaine dans le cadre du Panafricanisme et de la Renaissance africaine. L’un des objectifs de l’Agenda 2063 est de « faire taire les armes », ce qui implique de mettre fin aux guerres et aux conflits, et même de prévenir les génocides en Afrique. La plupart des conflits et des guerres en Afrique découlent des politiques linguistiques exclusives. Par exemple, le Massacre de Soweto (Afrique du Sud), le Génocide rwandais (Rwanda), la Crise Anglophone (Cameroun), la Crise du leadership (Côte d’ivoire), la guerre et l’assassinat de Kadhafi (Lybie), etc. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest partout en Afrique, la reconnaissance de l’identité des minorités dans les États africains est une condition préalable à la promotion de la paix et du développement du continent. En effet, l’identité est liée à la langue car elle définit directement ou indirectement ce que nous sommes (Joseph 2010, Llamas & Watt, 2010). Reconnaitre la(les) langue(s) des peoples revient à reconnaitre leur identité, ce qui favorise le développement participatif (Mpoche 2006). D’ailleurs, Schneider (2011) affirme qu’il existe d’une part un lien fort entre les modèles de colonisation et les écologies linguistiques qui en résultent d’autre part (voir aussi Mufwene (2001) et Obanya (1992)). Les pratiques linguistiques, la gestion linguistique et les idéologies linguistiques (Spolsky 2004) doivent être décolonisées depuis la racine pour permettre une Renaissance africaine comme le déclare Bamgbose (2000), les politiques linguistiques en Afrique sont très souvent évasives. Le cadre de la théorie du Constructivisme Social (Vygotsky 1968) et la théorie poststructuraliste de l’identité par Foucault (1980) sont des modèles qui permettent d’élaborer des politiques linguistiques en vue de promouvoir la paix durable interne et régionale en Afrique.
The instability of African states today can be traced from several factors, the major one being the effect of colonisation from whence stems the language problem that requires inclusive policies in order to achieve high-level educational standards and avoid clashes that have led to conflicts and wars in Africa. The African Union has established ‘Agenda 2063’, a blueprint and a master plan for the transformation of Africa into the global powerhouse of the future. This strategic framework that aims at delivering Africa’s goals for inclusive and sustainable development requires the adoption of inclusive language policies within member states in order to achieve concrete manifestations of the Pan African drive for unity, self-determination, freedom, progress and collective prosperity pursued by the AU under Pan Africanism and African Renaissance. One of the objectives of Agenda 2063 is ‘Silencing the guns …’ which entails ending all wars and conflicts, as well as preventing genocides in Africa. Most conflicts and wars in Africa emanate from exclusive language policies: the Soweto Massacre (South Africa), the Rwandan Genocide (Rwanda), the Anglophone Crisis (Cameroon), leadership crisis (Cote d’Ivoire), the war and assassination of Kadhafi (Lybia) etc. From the North to the South and East to West Africa, the recognition of the identity of subgroups in African states is a pre-requisite to achieving peace and development in the continent because identity has been acknowledged to connect with language as language defines who we are directly and indirectly (Joseph 2010, Llamas & Watt, 2010). Recognising the language(s) of people is same as recognising their identity and this boosts participatory development (Mpoche 2006). Schneider (2011) asserts that there tends to be a strong link between colonisation patterns on the one hand and linguistic ecologies which have resulted from them on the other (also see Mufwene (2001) and Obanya (1992)). Language practices, language management and language ideologies (Spolsky 2004) need to be decolonised from the base for African Renaissance as Bamgbose (2000) asserts that language policies in Africa have often been evasive. The framework of the Social Constructivism theory of language (Vygotsky 1968) and the Poststructuralist theory of identity by Foucault (1980) serve as models for the drawing of language policies for the attainment of sustainable internal and regional peace in Africa.
Politique Linguistique, Stabilité interne, États africains futurs, Union africaine
Language Policy, Internal Stability, Future African States, African Union
Konan Henri Joël KOUAMÉ
LE DÉVELOPPEMENT DURABLE COMME DÉFI POLITIQUE POUR UNE AFRIQUE FUTURE DANS LE PENSER HEIDEGGÉRIEN
Une lecture minutieuse de l’histoire politique de l’Afrique permet de saisir son parcours comme celle de l’oubli de la question de l’Être, c’est-à-dire de l’ontologie fondamentale. Cet oubli procède de l’errance du politique africain loin de la pensée fondamentale. Ce qui constitue un véritable handicap au développement du continent africain. Cette contribution se propose d’analyser les défaillances des politiques africaines et de proposer des voies de restauration pour le développement politique de l’Afrique du futur.
A careful reading of the political course of Africa allows us to grasp its history as that of the forgetting of the question of Being, that is to say of the fundamental ontology. This oversight stems from the wandering of african politics far from fundamental thought. thus, this contribution proposes to analyze the failures of African policy and to propose a way of restoration for a future.
Développement durable, défi politique, éducation, Gouvernance démocratique, oubli de l’Être
Sustainable development, political challenge, education, democratic governance, forgetting to be
Kessé Jean-Luc Gnamien KOUADIO
DE L’AFRIQUE D’HIER À L’AFRIQUE DU FUTUR : TERATOLOGIE ET THÉRAPIE CHEZ KÄ MANA
Parler de l’Afrique du futur suppose dans son concept même un détour préalable du côté de l’histoire, un pèlerinage spirituel vers l’Afrique d’hier et un dialogue profond avec celle d’aujourd’hui. C’est dire que l’une des conditions de possibilité du futur, un futur qui ne serait plus simplement le prolongement logique de ce qui a été, mais l’espace de surgissement de nouveaux horizons, c’est justement l’examen, au sens médical du terme, de ce que l’Afrique fut et est actuellement. Cela exige du démiurge du futur un travail d’allure archéologique permettant d’ausculter minutieusement ce continent afin de sonder et cerner le sens et les manifestations de ses différentes prises de position. Cette même exigence a pour corrélat une analyse de la substance des prises de position qui s’imposent encore aux Africains dans leur désir actuel d’autonomie dans le monde. Il s’agit au fond d’effectuer une tératologie de ce continent afin qu’à partir du diagnostic qui en sortira qu’il soit possible de forger l’espace approprié pour la thérapie adéquate. La présente contribution se veut comme un cheminement à travers l’œuvre de Kä Mana dont l’analyse permettra d’effectuer ce trajet intellectuel menant de l’Afrique d’hier à celle du futur.
Talking about the Africa of the future presupposes in its very concept a prior detour towards history, a spiritual pilgrimage towards the Africa of yesterday and a deep dialogue with that of today. This means that one of the conditions of possibility of the future, a future which would no longer simply be the logical extension of what has been, but the space for the emergence of new horizons, is precisely the examination, at the medical sense of the term, of what Africa was and currently is. This requires from the demiurge of the future archaeological work to carefully examine this continent in order to probe and identify the meaning and manifestations of its different positions. This same requirement has as its correlate an analysis of the substance of the positions which are still imposed on Africans in their current desire for autonomy in the world. Basically, it is a question of carrying out a teratology of this continent so that, from the resulting diagnosis, it is possible to create the appropriate space for the appropriate therapy. This contribution is intended as a journey through the work of Kä Mana, which analysis will allow us to carry out this intellectual journey leading from the Africa of yesterday to that of the future.
Afrique d’aujourd’hui, Afrique du futur, Afrique d’hier, Kä Mana
Africa today, Africa of the future, Africa of yesterday, Kä Mana
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