Hors-série n°3

NUMÉRO SPÉCIAL

Dans le cadre des activités du Laboratoire Dynamique des Langues et Discours en abrégé (LADYLAD), un colloque international s’est tenu les 03 et 04 octobre 2024 à l’Université Félix Houphouët-Boigny sur le thème ainsi libellé : « les catégories syntaxiques et lexicales ‘’dites marginales’’ à l’épreuve de la description, de l’écriture et de l’enseignement-apprentissage ». Cette rencontre scientifique qui a réuni des enseignants-chercheurs, chercheurs et étudiants de Côte d’Ivoire et d’autres pays, a donné l’occasion de requestionner des notions propres au système interne de la langue aux fins d’actualiser les connaissances et ouvrir de nouvelles perspectives de réflexion.  Le déroulement de ces assises scientifiques a débuté par une cérémonie d’ouverture, suivis des travaux en ateliers dont rend compte le présent rapport de synthèse.

1. La cérémonie d’ouverture: rehaussée par la présence des autorités académiques, elle a été marquée par deux grands moments : les allocutions et la conférence inaugurale.  C’est au président du comité d’organisation, Prof N’DRÉ Damanan, qu’est revenue en premier la parole pour ouvrir la série des allocutions. Il a souhaité, au nom du comité d’organisation, la cordiale bienvenue aux officiels, ainsi qu’aux participants venus d’horizons divers, puis a rappelé l’objectif du colloque, à savoir contribuer à renforcer les capacités des collègues et des étudiants en matière de recherche et de communication scientifique. Prenant la parole, à la suite du PCO, le Directeur du LADYLAD, Prof KRA Kouakou Enoc a d’abord satisfait aux salutations protocolaires et avant de souhaiter, lui-aussi, la bienvenue aux participants à cette 6è édition du colloque international de Kodjoboué.  Il a présenté la structure dont il a la charge et a saisi l’occasion pour remercier les autorités de l’Université ainsi que le comité d’organisation pour l’engagement toujours renouvelé des uns et des autres dans l’organisation de ce colloque, devenu une tradition annuelle.  Le Directeur du LADYLAD a terminé son propos en souhaitant plein de succès à cette 6è édition du colloque.

Pour sa part, Monsieur le Doyen de l’UFR Langues, Littératures et Civilisations, Prof Adama Coulibaly, représentant le Président de l’Université Félix Houphouët-Boigny, a respectivement exprimé ses remerciements au Directeur de l’Institut de Linguistique Appliquée, au Chef de Département des sciences du langage, ainsi qu’au comité d’organisation. Il a présenté les excuses du Président l’Université, actuellement en mission hors du territoire national, avant de souhaiter la bienvenue à l’ensemble des panélistes. Pour lui, les présentes assisses s’inscrivent dans la continuité du précédent colloque et souligne que le thème est digne d’intérêt. Un thème qui pose la question de l’identité des catégories marginales secondaires parmi les catégories lexicales considérées comme essentielles dans un discours. Au nom Président de l’Université Félix Houphouët-Boigny, Professeur Adama Coulibaly a déclaré ouvert le 6ème colloque international de Kodjoboué.

L’autre point important de la cérémonie d’ouverture a été la conférence inaugurale prononcée par Dr (MC) BOSSON BRA Djérédou, sur le sujet : « L’écriture n’zassa avec des catégories syntaxiques et lexicales marginales : quels enjeux ? » La conférencière part du postulat selon lequel les écrivains africains sont pour la plupart en situation de bilinguisme. Raison pour laquelle on retrouve généralement dans leurs écrits des expressions de leurs langues maternelles, ou même des argots de région. Selon elle, ce mélange du français et des langues africaines qui est le reflet de la société africaine en situation de bilinguisme, est qualifié de discours n’zassa dans nos écrits. La conférencière a ainsi dépeint la réalité du français africanisé et a montré son impact sur l’écriture de quelques auteurs africains dont Ahmadou Kourouma et Jean Marie Adiaffi. Pour elle, cette écriture « NZASSA », marquée par l’usage abondant des catégories syntaxiques et lexicales marginales, a des enjeux : identitaire, philosophique et culturelle.

2.Déroulement des travaux: les différents échanges se sont succédés en ateliers suivant trois principaux axes : description des catégories syntaxiques et lexicales dites marginales ; l’écriture des catégories syntaxiques et lexicales dites marginales ; l’enseignement et l’apprentissage par les catégories syntaxiques et lexicales dites marginales. Les travaux autour de ces champs de réflexion ont abouti à la présentation de 41 communications. Concrètement, les échanges portant sur la description linguistique ont enregistré 19 communications qui ont mis en lumière les aspects morphologique, syntaxique, morphosyntaxique, lexical et sémantique des catégories syntaxiques et lexicales dites marginales. L’on a pu ainsi redépouillé la structure, le contenu et la typologie de ces catégories grammaticales de second rang pour en cerner davantage le fonctionnement interne. Bien que dites marginales dans la grammaire traditionnelle, ces mots restent indispensables à l’expression de la pensée comme c’est le cas par exemple des onomatopées, des idéophones et interjections observés dans le champ de réflexion « Ecriture des catégories syntaxiques et lexicales dites marginales ». L’usage de ces mots à l’écrit comme à l’oral laissent, non seulement, comprendre le caractère subjectif, voire fantaisiste qu’ils recouvrent, mais aussi, leur facilité à rendre compte de faits socioculturels ou à être usités à des fins littéraires, notamment poétiques. Cet aspect des choses a été pris en compte par 15 communications.Les contributions allant dans le sens de l’enseignement-apprentissage ont interrogé l’enseignement des langues locales, surtout au cycle primaire. Dans la même perspective, les échanges ont aussi permis de comprendre l’apport des onomatopées et des interjections dans l’acte pédagogique notamment dans l’enseignement du français. 07 communications ont été enregistrées sous cet angle. 

3.Recommandations: au terme des contributions et discussions sur le thème retenu pour ce colloque, le comité scientifique recommande : la prise en compte des catégories syntaxiques et lexicales dites marginales dans les discours formels afin que la population soit décomplexée dans l’usage de ces expressions non-formelles dans tous les contextes d’énonciation ; l’intégration des langues nationales dans l’enseignement-apprentissage en mettant en lumière ces unités linguistiques qui ont une valeur emphatique et qui renforcent la compréhension des apprenants;il encourage aussi les autorités compétentes à accorder une attention particulière aux langues locales en finançant les projets et travaux (dictionnaire, ouvrages didactique et pédagogique, etc.) portant sur ces catégories dites marginales.

Conclusion: Le 6ème colloque international de Kodjoboué a donné l’occasion d’assister à des contributions enrichissantes et fructueuses sur des aspects variés concernant les catégories syntaxiques et lexicales ‘’dites marginales’’. Ces assises scientifiques ont ainsi permis de discuter de nouveaux points de vue, de réviser ou d’affiner la généralisation de certaines formes ou occurrences, toute chose qui, manifestement, ouvre de nouvelles pistes de réflexion aux futurs projets ou travaux de recherche sur le système de la langue.

  • Fait à Abidjan, le vendredi 04 octobre 2024.
  • Le rapport général: N’goran Jacques KOUACOU
Résumé des textes du colloque
Date de publication, le 24 avril 2025